Ne pars pas avant moi
Ne permets pas à l’Ombre d’emporter ton regard
Dans le berceau maudit des séjours abrégés
Ne pars pas avant moi
La grâce qui t’est due est encore fœtale
Et la porte entrouverte sur la félicité
Attend que tu la pousses que tu passes le seuil
Afin de revêtir le seul habit qui sied à ta fragilité :
Cet amour confondant qui fait qu’on n’est plus soi dès lors qu’il nous aspire
Ne pars pas avant moi
Tant que je ne sais pas où se trouve la sente des âmes appariées
La misère du monde tel un vol de corbeaux criards me cache le chemin
Et je n’ai que la mémoire et l’imagination pour affirmer ta présence
Je sais qu’un jour l’ange qui t’a nommée m’enseignera le secret de l’ultime retour
Je sais à cause des souvenirs devenus délitescents dans tes yeux
Que j’ai enfin trouvé le lieu d’autorité
Le premier cordon qui aboutit à tes mains
J’ai vécu tant de vies j’ai vécu tant de morts aussi
Si tu ne t’étais pas montrée que serais-je devenu
Au crépuscule de mes jours une âme est apparue dans un murmure capiteux
Et m’a tendu ce regard qui déchire toute chair
Afin que je me réalise et que je me mette en marche
Avec le pas sûr de ceux qui disent savoir où aller
Ne pars pas ne pars pas avant moi